Une tâche sans fin

Le dernier livre de Winnicott, « Jeu et réalité1 », contient, sur le problème de la culture, un ensemble de réflexions dont l’importance ne me paraît pas avoir été, jusqu’à présent, bien mise en lumière2. Sans doute parce que Winnicott est un théoricien discret, qui procède par avancées prudentes, hésite à sortir de son domaine, et se soucie fort peu d’afficher son originalité. Mais sans doute aussi parce que, les phénomènes culturels étant, la plupart du temps, abordés à partir de présupposés esthétiques ou politiques, on s’avise rarement d’interroger à ce sujet les analystes.

L’hypothèse de base de Winnicott est évoquée à plusieurs reprises dans ce numéro. Je la résumerai donc brièvement : l’objet transitionnel, première « possession non-moi » de l’enfant, peut être considéré comme le modèle de l’objet culturel, les phénomènes transitionnels comme la première forme des manifestations très diverses – art, religion, vie imaginaire, travail scientifique créatif – qui caractérisent la vie culturelle de l’adulte. Le mot « transition » doit être pris au pied de la lettre. Pour que le bébé, renonçant à l’omnipotence magique du premier âge, affronte victorieusement l’épreuve de réalité, c’est-à-dire reconnaisse l’existence d’une réalité extérieure à la réalité interne, il a besoin qu’entre le « dehors » et le « dedans », une « aire intermédiaire d’expérience » se dessine, qui n’appartienne ni à l’un ni à l’autre, qui ne soit, à la lettre, nulle part, et dont l’objet élu (mouchoir, bout de tissu, coin de drap ou de couverture) représentera le fragile et précieux témoignage3. Rien de plus illusoire qu’une telle transition. Mais sans cette illusion préalable, la désillusion qui doit suivre ne saurait être acceptée, et il appartient à la mère, par l’intérêt qu’elle porte elle-même à l’objet, de veiller à ce que l’expérience4 se déroule dans de bonnes conditions. L’« espace potentiel » ainsi aménagé survit à la désillusion. Il devient progressivement l’espace du jeu (« playing »), puis celui de la « culture ». Car, nous dit Winnicott, « l’acceptation de la réalité est une tâche sans fin » et « nul être humain ne parvient à se libérer de la tension suscitée par la mise en relation de la réalité du dedans et de la réalité du dehors ». D’où résulte que la transition va se poursuivre tout au long de notre existence. La culture n’est pas un ornement, l’élégance plus ou moins superflue d’une maturité enfin acquise. Elle est une nécessité, la condition toujours menacée de notre autonomie  : « On ne peut parler d’un homme qu’en le considérant avec l’accumulation de ses expériences culturelles » ; mais nous ne parviendrons à tirer parti de ces expériences que « si nous avons un lieu où mettre ce que nous trouvons »5 . Ce lieu, c’est celui que nous avons découvert dans nos premiers mois ; et l’usage que nous serons capables d’en faire dépendra des circonstances plus ou moins heureuses de cette découverte.

Est-il possible d’extrapoler et de définir, à partir de l’hypothèse avancée par Winnicott, une politique de l’« action culturelle » ? Telle est la question aventureuse, pour ne pas dire saugrenue que je voudrais poser ici. La réponse sera évidemment aussi sommaire que le résumé qui précède. Je serais satisfait si j’avais simplement ouvert une piste où d’autres que moi pourront s’engager plus avant. 

 

L’objet trouvé

 

Le statut de l’objet transitionnel repose sur un paradoxe : « le bébé crée l’objet, mais l’objet était là, attendant d’être créé et de devenir un objet investi ». Il est entendu qu’au cours du traitement analytique, ce paradoxe ne sera jamais remis en cause : ni dedans, ni dehors, l’objet ne peut fonctionner que s’il est perçu comme à la fois « créé et trouvé ».

Or il existe une catégorie particulière d’objets auxquels s’applique l’attention des adultes et qui, à l’évidence, fonctionnent de la même façon. Ce sont les objets d’art : peintures, sculptures, monuments, mais aussi textes ou compositions musicales. Le mot « création », ordinairement réservé aux œuvres, nous incite à croire que celles-ci se distinguent de l’objet usuel par une différence de nature et que l’art se fait à partir de rien : ainsi s’opposeraient le domaine des choses « créées » et celui des choses « trouvées ». Une telle conception interdit de comprendre comment une œuvre est reçue, ce sentiment de « reconnaissance » qui accompagne, chez l’usager, le sentiment de la nouveauté et sans lequel nous ne pourrions jamais nous approprier l’objet, l’incorporer à notre expérience personnelle. Mais surtout, elle dissimule la contradiction originelle dont l’œuvre même est issue : à savoir que, pour le « créateur » aussi, l’objet est bel et bien, comme le coin de drap ou de couverture du nourrisson, à la fois trouvé et créé. Et plus précisément, que créer, c’est toujours inventer du déjà-là. À la question : « Où est mon pays ? », le poète André Frénaud répond : « Ce n’est pas ailleurs, ce doit être ici ». La conviction que la « chose » à trouver (à créer) « doit » figurer sous les yeux même de celui qui la cherche, le refus de l’illusion d’un ailleurs, ne sont pas moins importants, aux yeux du créateur, que son souci de défricher des parages inconnus, de dire ce qui n’avait jamais été dit. […]

Il faut rappeler ici que la première création, selon Winnicott, est liée à l’illusion d’omnipotence : le sein surgit au moment où l’enfant le désire, et c’est parce qu’il y a coïncidence entre le désir et son apparition que le nourrisson a l’impression de l’avoir créé. Quand l’illusion disparaît, la coïncidence se brise aussi  : plus tard, on ne trouve plus, on retrouve. Pas de création sans nostalgie. Et de même que le coin de couverture saisi par l’enfant au moment de s’endormir est une « défense contre l’angoisse », il me semble que toute création – en particulier la création littéraire, ce qu’on appelle aujourd’hui écrire, au sens intransitif du mot – vise à tenir à distance quelque chose ou quelqu’un, à conjurer un danger incontrôlable, infigurable et pressant, qui n’est sans doute que la réalité même, s’il est vrai, encore une fois, que l’acceptation de cette réalité est « une tâche sans fin ».

 

L’approche de la réalité extérieure

 

« Ce n’est pas l’objet, bien entendu, qui est transitionnel », dit Winnicott ; c’est « l’utilisation qui en est faite ». L’objet représente, en quelque sorte, la transition, il en garantit la possibilité. Dans sa préface à Jeu et réalité, J.-B. Pontalis nous met en garde contre l’attitude qui consisterait à privilégier l’ « objet » par rapport au « phénomène », le « signe tangible » que constitue le coin de drap ou de couverture au « champ d’expérience » qu’il désigne. Il note, d’autre part, la fréquence, dans le vocabulaire de Winnicott, de participes substantivés, tels que playing, fantaysing, experiencying : « Autant de termes qui indiquent un mouvement, un processus en train de s’effectuer, une capacité… et non le produit fini. ». Ces deux remarques complémentaires vont nous permettre de jeter une passerelle entre l’expérience de l’analyste et celle du praticien de l’ action culturelle.

Comme il y a une différence entre la simple « relation » à l’objet et l’ « utilisation » de l’objet6, il faut distinguer la relation au produit culturel de son utilisation. Brecht l’avait déjà perçu quand il écrivait  : « La culture qui est superstructure, ne doit pas être considérée comme une chose, un bien… mais comme un facteur d’évolution, et surtout comme un processus ». Si je comprends bien cette phrase, elle veut dire deux choses. D’abord, qu’une politique visant le développement culturel du plus grand nombre ne saurait se limiter à une entreprise de diffusion, si large soit-elle ; car l’approche diffusionniste de la culture privilégie toujours le bien, le produit fini, et favorise une relation à ce produit qui relève davantage du spectacle que de l’usage. Pour que l’œuvre (une pièce, un tableau, un livre) soit appropriée par le sujet culturel, il faut qu’elle entre dans l’espace où s’élabore son rapport à la réalité, qu’elle s’intègre au processus de transition, à l’ « aire intermédiaire d’expérience ». S’il est vrai, comme le suggère Winnicott, que la constitution de groupes humains a pour « racine naturelle » la mise en commun des « expériences illusoires », s’il est vrai que, dans le développement « normal » de l’adulte, l’objet transitionnel perd peu à peu sa signification parce que les phénomènes transitionnels deviennent « diffus » et se répandent « dans le  domaine culturel tout entier », on peut parler d’une maturation culturelle qui serait exactement homologue aux « processus de maturation » de l’enfant. Cela suppose évidemment qu’il n’y ait pas d’interruption dans l’expérience, que nous soyions capables de jouer aussi des objets culturels, donc que l’adulte, comme l’enfant, rencontre autour de lui l’environnement facilitant qui lui permettra de créer ce qu’il a trouvé. Et ce n’est peut-être pas un hasard si, pour désigner les lieux propices à de telles rencontres, on a spontanément parlé de maisons ou de foyers…

Mais la formule de Brecht, interprétée dans une perspective winnicottienne, a aussi un autre sens. Elle veut dire que le développement culturel ne consiste pas seulement à s’approprier des produits déjà existants. La dialectique du créé/trouvé repose elle-même sur une « créativité primaire » sans laquelle le passage de l’objet subjectif aux objets perçus objectivement serait impossible. Or qu’est-ce que créer, dans ce sens originel ? comme le rappelle opportunément Winnicott, la création déborde le domaine de l’art où nous avons l’habitude de l’enfermer. « Une création, c’est un tableau, une maison, un jardin, un vêtement, une coiffure, une symphonie, une sculpture, et même un plat préparé à la maison ». La créativité est « quelque chose d’universel », elle est « inhérente au fait de vivre ». Banalité, dira-t-on. Mais le propos devient moins banal lorsqu’il se complète de l’affirmation suivante  : « La créativité que nous avons en vue est celle qui permet à l’individu l’approche de la réalité extérieure7 ». On retrouve là, formulé de la façon la plus abrupte et en même temps la plus simple, le paradoxe qui fonde le phénomène transitionnel. Si l’on ne peut approcher la réalité extérieure (c’est-à-dire l’accepter) qu’en la « créant » (c’est-à-dire en l’apprivoisant par le jeu du créé/trouvé), il est clair qu’une action culturelle cohérente doit aussi viser à ce que le sujet invente sa propre tradition. Et comme en matière culturelle, il n’est de sujet que collectif, cela veut dire que la diffusion des produits appartenant à l’héritage commun doit avoir pour complément une stratégie de la créativité respectueuse de l’autonomie du groupe, soucieuse de favoriser la prise de conscience et l’expression des affinités qui le constituent en tant que groupe et définissent le mode particulier d’intégration qui est le sien8.

Autrement dit, et pour prendre un exemple élémentaire, une action culturelle menée à partir des arts plastiques ne se contentera pas d’offrir à la contemplation d’un public des œuvres, si bien présentées soient-elles. Elle doit, par des procédures d’ animation appropriées, faire en sorte que chaque spectateur puisse arracher ces œuvres à l’espace objectif de leur présentation pour les intégrer à son propre espace culturel. Elle doit aussi offrir au spectateur la possibilité de devenir acteur, c’est-à-dire de créer lui-même d’autres « objets » qui, prenant place à côté des œuvres consacrées sans pour autant revêtir obligatoirement la même forme, seront le signe tangible d’une « approche de la réalité » différente (la sienne propre, ou celle de son groupe de référence).

 

L’illusion de la continuité

 

Il faut, j’en ai conscience, se méfier du démon de l’analogie. La transposition que j’esquisse ici d’un schéma psychanalytique à une situation politique ne tient pas compte d’une difficulté que connaissent bien tous ceux qui ont tenté d’articuler Marx à Freud  : c’est que l’analyse ignore la ségrégation sociale. À lire Winnicott, il semble que le rapport à la culture est, pour chaque individu, quelles que soient ses origines, son milieu, sa classe, toujours le même. D’abord, parce que la société n’est qu’« une extension de la famille ». Ensuite, parce que, les richesses culturelles étant le « lot commun » de l’humanité, l’humanité elle-même étant considérée comme un ensemble homogène auquel tout individu participe de droit, il y aurait, de l’élaboration de la première possession « non-moi » jusqu’à l’appropriation du savoir et des œuvres une continuité sans défaillance. Dans le texte posthume de Winnicott, on peut lire : « L’enfant et l’adulte) vit de manière créatrice, utilisant les matériaux disponibles, que ce soit un morceau de bois ou un quatuor de Beethoven ».

La notion de continuité est d’ailleurs inséparable des phénomènes transitionnels. Lorsque, dit Winnicott, les absences de la mère provoquent chez le bébé une expérience de privation qui dépasse un certain seuil, la capacité qu’a l’enfant de remédier à ces absences en utilisant le « symbole d’union » devient inopérante. Une coupure irréversible se produit, qui entraîne le déclenchement de toute une série de mécanismes de défense destinés à protéger contre la répétition de l’« angoisse impensable » (unthinkable anxiety). Cette expérience ressemble à la folie  : « La folie signifie simplement ici une cassure de tout ce qui peut exister à l’époque d’une continuité d’expérience personnelle »9. La notion d’« environnement facilitant » ou « suffisamment bon » impliquant que le sentiment d’être (the going on being) ne soit jamais rompu, on comprend que, de proche en proche, de la relation maternelle à la relation familiale, de la famille à la société, l’expérience culturelle soit elle-même placée sous le signe de la continuité. « Dans tout champ culturel, il est impossible d’être original sans s’appuyer sur la tradition »10.

Or nous savons bien (je veux dire : tous ceux qui ont une pratique de l’action culturelle) que, dans une société comme la nôtre, qui repose sur des inégalités qu’elle ne cesse de reproduire, la tradition ici évoquée signifie la tradition dominante. Ce qu’on appelle l’héritage – les œuvres du passé, le savoir, les règles – , même si quelques-uns seulement s’en réservent l’usage, appartient en droit à tous. En fait, parce que cet usage est en même temps le signe d’une domination, l’héritage est daté, situé, « connoté ». Perçu comme venu d’ailleurs, comme lié à un autre espace social auquel, par définition, les dominés n’accèdent pas. Cela ne signifie pas, bien sûr, que les œuvres qui composent cet héritage disparaîtront avec le pouvoir de ceux qui, aujourd’hui, les détiennent. Cela signifie qu’il n’y a pas, en fait, une culture (c’est-à-dire la culture dominante s’affirmant, par principe, universelle), mais des cultures, liées chacune à leur milieu d’origine, à leur « environnement », dont une action culturelle démocratique doit, par tous les moyens possibles, favoriser l’éveil (ou la redécouverte) et le développement. Cela signifie encore qu’on ne peut pas poser le problème culturel en faisant abstraction de la société où il se pose et en négligeant sa dimension politique.

Il faut donc prolonger l’analyse de Winnicott en dénonçant une autre « illusion » qui est, à l’échelon de la société, celle de la continuité. On ne peut plus parler que de continuités locales, particulières, et qui entrent en conflit les unes avec les autres. D’une certaine façon, approcher la réalité politique et sociale n’est rien d’autre, tous les militants le savent, qu’accepter une telle « désillusion ». Et l’aire politique est aussi, à sa manière, une aire d’expérience où, pour rendre compte de la réalité objective des luttes, le militant est obligé de créer/trouver ces objets de transition (d’approche) que sont les mots d’ordre et les programmes, non pas seulement pour avoir avec eux une « relation » toute théorique, mais pour les « utiliser » dans sa pratique quotidienne.

Cette réserve essentielle étant faite, le schéma winnicottien selon lequel l’intégration s’effectue à partir d’une dépendance initiale et grâce à un environnement facilitant vaut pour le groupe comme pour le moi. La tâche de l’animateur « suffisamment bon » ne consiste pas à prendre en charge les problèmes du groupe et à les résoudre à sa place. Elle consiste, à partir d’une adaptation totale à ses besoins, à l’amener peu à peu, par des frustrations successives, à percevoir la réalité dans laquelle il est pris et qui le constitue comme groupe, les règles auxquelles il obéit inconsciemment, les contraintes qui pèsent sur lui, les usages et les discours à travers lesquels il se cherche, ce qui veut dire à la fois réaliser son intégration (qui s’exprimera dans des pratiques communes)11 et affirmer sa différence. Et de la même façon qu’une adaptation trop étroite et trop prolongée de la mère risque d’empêcher la maturation de l’enfant, il est clair que l’animateur « suffisamment bon » ne peut réussir dans cette tâche que s’il sait, le moment venu, s’effacer devant le processus qu’il a lui-même déclenché.

Je voudrais, pour finir, hasarder une dernière hypothèse qui m’amènera à utiliser Winnicott contre lui-même. Si la continuité en matière culturelle est une illusion, s’il n’y a pas de « lot commun », on peut imaginer que le même environnement qui sera « suffisamment bon » pour certains provoque chez d’autres des frustrations graves. La situation collective serait alors identique à celle que doit affronter l’individu lorsque, faute d’un environnement qui favorise la créativité en donnant « le sentiment que la vie vaut la peine d’être vécue », s’instaure une « relation de complaisance soumise envers la réalité extérieure : le monde et tous ses éléments sont reconnus, mais seulement comme étant ce à quoi il faut s’ajuster et s’adapter ». Dans ce cas, qui est celui de l’« enfant privé » (deprived child), on constate que le bébé se montre incapable d’utiliser les objets existants pour être créateur en eux et avec eux. L’« aire intermédiaire d’expérience » ne se dégage pas. 

L’illusion de la continuité me paraît être le reflet idéologique d’une situation de dominance dans laquelle la culture « universelle » est utilisée pour étouffer la prise de conscience des identités particulières. Au lieu de s’adapter aux besoins du groupe, l’environnement (c’est-à-dire la classe sociale dominante) impose au groupe ses propres besoins, posés comme universels. Il se produit alors, au niveau du groupe, ce qui se produit pour le bébé quand une mère insuffisamment bonne, au lieu de « répondre à son geste », y substitue le sien propre « qui n’aura de sens que par la soumission du nourrisson ». Un faux self apparaît dont, nous dit Winnicott, la fonction positive consiste à « dissimuler le vrai self, ce qu’il fait en se soumettant aux exigences de l’environnement »12. De ce faux self social, la culture dite de masse offre d’éclatants exemples. C’est exactement, me semble-t-il, ce qu’en langage marxiste on appelle l’aliénation. Et de même que, dans le traitement analytique, la destruction du faux self implique d’abord une phase de régression qui permettra au patient de retrouver la situation de carence initiale, le travail des animateurs passe alors par le rétablissement des conditions d’une expression culturelle propre, c’est-à-dire par le retour à une situation où la vie est de nouveau perçue comme valant la peine d’être vécue, où la perception redevient créative, et le partage de nouveau possible. Il va de soi que cela ne dépend pas seulement de la tolérance et de l’habileté des animateurs ; ce n’est pas seulement une question de holding. Il y faut une révolution dans les structures socio-économiques qui sont à l’origine de la ségrégation culturelle. Mais à l’inverse, cette révolution n’engendrerait que de nouvelles formes de dominance (l’illusion d’une nouvelle continuité) si, parallèlement et dès maintenant, l’action culturelle, à tous les niveaux, ne s’efforçait pas de débloquer le processus de l’expression et du partage.

 

Bernard Pingaud, écrivain.
Article paru en 1977 dans le numéro 69 de la revue l’Arc consacré à Winnicott
(cette revue n’est plus éditée).

1 – Cet ouvrage est le dernier de Donald Woods Winnicott. Il a été publié en 1971 et traduit en français en 1975. L’auteur est un pédiatre et psychanalyste anglais (1897 – 1971) connu pour sa capacité à allier l’observation des enfants à une réflexion analytique poussée et originale.
2 – Je m’appuierai essentiellement sur ce livre, et en particulier sur quelques articles cités en annexe.
3 •  Forme présymbolique », plutôt que symbole, dit O. Mannoni.
4 •  En anglais : experiencing. Les traducteurs soulignent à juste titre que l’important n’est pas l’état, mais le processus. J’y reviens plus loin.
5 •  Souligné par Winnicott.
6 •  Voir à ce sujet l’introduction de Masud Khan à La Consultation thérapeutique et l’enfant, et ici l’article d’André Green : dans la cure, l’analyste est lui-même « utilisé » comme un objet transitionnel.
7 • C’est moi qui souligne
8 •  Sur cette notion d’ « intégration », voir « Intégration du moi au cours du développement de l’enfant », dans Processus de maturation chez l’enfant, Payot, 1974.
9 •  Souligné par Winnicott. Ces lignes sont extraites de l’article sur « La localisation de l’expérience culturelle ».
10 •  Souligné par Winnicott.
11 •   « Intégration » ne veut, bien entendu, pas dire soumission. C’est le contraire. Voir plus loin
12 • J’utilise ici un article de 1960. « Distorsions du moi en fonction du vrai et du faux self », repris dans Processus de maturation chez l’enfant.

Né en 1923, Bernard Pingaud a publié un certain nombre d’ouvrages, partagés entre romans et textes critiques. Il a été, pendant une vingtaine d’années, l’animateur de la revue L’Arc, et a dirigé plus particulièrement le numéro sur Winnicott. Il fut aussi, de 1973 à 1979, le principal responsable du Secrétariat à l’action culturelle du Parti socialiste. À la suite de quoi, en 1981, il a été chargé par Jack Lang de présider la commission de réflexion sur la politique du livre et de la lecture, d’où est sorti le rapport dit « Pingaud-Barreau ». En 1989, à la demande de Jean Gattegno, directeur du Livre, il a mené une réflexion personnelle complémentaire sur le développement de la lecture, qui s’est appuyée, notamment, sur le travail de l’association ACCES. Installé depuis 1997 dans le Gard, il préside l’association des Amis de la Médiathèque d’Uzès.

Les cahiers de l’éveil n°3

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