Aurélie Loiseau, conteuse

Art de la parole, dialogues avec le textile, travail du clown…Tendez l’oreille, l’artiste a toujours une histoire à raconter…

«Avec trois fois rien, on fait beaucoup… Quelques mots, des objets simples et détournés pour se donner tout entière dans la présence de l’instant et se décaler du réel… Le conte est un passeur d’émotions ». Aurélie Loiseau explore les publics et les genres : danse-théâtre, clown, danse contemporaine… mais aussi le textile qui tient une place toujours privilégiée dans ses spectacles, objet ou motif pour broder des histoires.

UN TISSAGE DE RENCONTRES

Conteuse depuis 2009, Aurélie Loiseau a entrelacé de nombreuses expériences tout au long de ses années de formation. Après les Arts appliqués à Strasbourg, elle croise la route de Wanda Fitoussi¹, conteuse à la Maison des Contes et des Histoires puis celle de Gilles Bizouerne² avec qui elle partage « l’art d’emmener la parole dans différents contextes ». Elle est alors amenée à créer de petites formes de quinze minutes, c’est ainsi que verra le jour Né dans une orange. À la Maison du Conte de Chevilly-Larue, Aurélie Loiseau se confronte « à la gestion de l’imprévu, à l’improvisation, ce qui m’est très utile auprès de tout-petits. Dans une crèche du 13^e arrondissement de Paris, j’ai observé les enfants pendant six mois ; j’étais fascinée par leur émerveillement. À partir de scénettes du quotidien, j’ai imaginé cinq puis dix minutes de spectacle, Au fil des mots ».

Une autre rencontre marquante a ponctué le chemin de l’artiste, celle d’Aude Maury, clown et metteur en scène. « Nous avons travaillé sur différents spectacles. J’ai conforté un socle, un ancrage ; j’ai travaillé la respiration, la temporalité du spectacle. La formation au clown m’accompagne toujours ».

CONTEUSE TOUT TERRAIN

« Je joue dans des lieux équipés mais aussi dans les jardins, les crèches, les écoles, les musées, dans la rue, chez les gens… pour raconter des histoires, inviter à voyager dans les images et faire une incursion dans notre petit cinéma intérieur ». L’activité d’Aurélie Loiseau est foisonnante mais construite. « J’ai chaque année un nouveau projet, bâtissant ainsi peu à peu un répertoire. Des spectacles, Strong doudou, commande de la ville d’Ivry, Émois et moi, ou l’histoire de vie d’une jeune maman, Plumes et boucles d’ours, commande des Éditions Thierry Magnier³, Cape ou pas cap, fruit de sa complicité avec Guy Prunier… Un nouveau spectacle est en chantier, une ode à la tendresse maternelle et aux premiers pas dans la poésie…

La colporteuse infatigable propose aussi des ateliers, pour vagabonder avec un spectacle et traverser les histoires, des formations d’initiation au conte pour prendre confiance. Ses actions à la carte investissent des lieux de patrimoine comme Musée and co sur mesure pour amener un nouvel imaginaire au milieu des œuvres… 

« Depuis quelques années, je marche dès que je le peux avec mes histoires en chantier. Je trouve alors un mot, une image, un éclairage, une étincelle, un symbole, une question. Je peux alors revenir à l’écriture, au rêve, avec un regard décalé sur le conte en devenir. Souvent, le récit me « remercie » pour ce pas de côté, il s’épaissit dans cette nouvelle respiration ». Et l’on a toujours envie de lui emboîter le pas ! 

• Propos recueillis par Hélène Kœmpgen