Variations pour un parapluie

La jeune compagnie CHOUETTE il pleut ! créée en 2021 emmène le spectateur dans un tourbillon fantasque et poétique mené par une clown malicieuse et une musicienne complice.

À la radio on ne parle que de ça… 3251 jours sans pluie ! Deux sœurs écoutent un vieux transistor et grimpent dans le grenier pour y retrouver les vêtements et les objets de pluie qui servaient… autrefois ! Ce duo fantasque pour clown et viole de gambe s’agite au gré des surprises que laisse entrevoir une vieille malle aux trésors. Au plateau : Marion Monier, lutin clownesque débordant de vie, et la musicienne Julie Dutoit qui interprète une composition autour de La Folia de Marin Marais. Il pleut des cordes ? Pas encore, l’archet virevolte avec grâce au gré des découvertes du clown curieux. Pas un nuage, pas la moindre goutte de pluie…

LA PART DU MERVEILLEUX

Le spectateur emporté dans le tourbillon des découvertes farfelues que recèle cette malle se prend au jeu et guette ce qui va surgir. « Ce sont les objets qui écrivent » déclare Marion Monier. « Je travaille l’écriture au plateau, je joue avec le matériau, comme si je découvrais les choses, en alternant surprises et poésie ». La mission du charmant clown est de faire venir la pluie. Alors des K-Way en pagaille surgissent, réveillant pour les plus grands des souvenirs toujours là et bien vivants. Extirpés de la malle, tendus sur un fil, essayés par les personnages, ils se muent en objets de décor ou silhouettes à rêver pour des corps qui naviguent dans les vêtements. Enfilés dans tous les sens, ils évoquent les petits moments de la vie quotidienne : « j’ai observé de nombreuses situations, drôles, burlesques et tendres, d’enfants qui tentaient de s’habiller ou de se déshabiller.

L’idée m’est venue d’en extraire un spectacle. Rien n’est inné, rien n’est évident. Pourquoi mettre sa jambe ou son bras dans la manche ? Rester attentive aux tout-petits réveille chez moi une part de merveilleux et de théâtralité qui nourrit chacun de mes spectacles qui leur sont destinés. Les jeunes enfants sont dans une perpétuelle découverte et vivent d’innombrables premières fois. Les observer nourrit mes créations. Mon travail de clown tente de se rapprocher de cet état d’infinie présence et de spontanéité qui leur appartient ».

UNE FARANDOLE DE SURPRISES

Le petit personnage clownesque tente le tout pour le tout : danse de K-Way, éveil des parapluies… car l’eau est indispensable au monde qui l’entoure. Accompagné par le son de la viole de gambe, tantôt vive ou rêveuse, le spectateur est guidé dans un dédale de joyeuses surprises ou de tendres images poétiques comme ce parapluie méduse que l’on suit avec délectation. Une véritable plongée dans l’enfance, la mémoire, les rires, la surprise et l’imaginaire. On ne dira pas si les ombres chinoises ont fait venir la pluie ou si le délicat travail des lumières a éclairé un paysage enfin humide… Il faut, sans retenue, se laisser glisser dans la magie de ces variations pour parapluies espiègles !

• Hélène Kœmpgen