L’Envolée sauvage, Solo pour 3 flûtes et orchestre de forêt en plein ciel 

La compagnie Ô Bruit Doux crée un spectacle musical, proposition tout-terrain et multiforme teintée de magie et de rêve. Embarquement pour un moment d’enchantement.

« Ce n’est pas une histoire…mais le récit d’une traversée sensorielle où les bébés et les très jeunes enfants sauront ressentir dans ce langage non verbal dont ils sont les spécialistes ». Pas d’éléments narratifs pour suivre, écouter et regarder Naïa qui vit au rythme de la nature, en compagnie d’oiseaux sauvages. Magali Robergeau est l’auteure, la compositrice et l’interprète de cette troisième création de la compagnie. Dans ce spectacle-concert, c’est la musique qui raconte, se déploie en une longue et belle pièce sonore, musicale et visuelle.

LA TRAME DES SENSATIONS

Le décor est d’une élégance subtile : troncs de bouleaux stylisés, cloches tubulaires, gongs et tuballophones, fagots de branches fines… Tous utilisés pour une circulation du son acoustique dans un paysage graphique. « J’ai réalisé un long travail avec le scénographe afin d’offrir au regard des éléments très épurés. Je ne souhaitais pas donner aux enfants trop d’informations visuelles afin de privilégier les informations sonores » précise Magali Robergeau. « Je voulais placer la musique dans un espace esthétique ». Le résultat ouvre grand les portes à l’imaginaire, chacun pouvant investir ce monde mystérieux et raffiné. Très attentive à la perception des très jeunes enfants, Magali Robergeau a choisi avec soin l’univers sonore qui enveloppe le spectateur. « La petite enfance est un moment précieux, nous avons une responsabilité dans l’attention que nous lui portons. Les adultes sont surpris de l’attitude des enfants. Nous avons toujours à apprendre de leurs réactions ». Très engagée dans ce processus de découvertes surprenantes, la jeune artiste construit une trame adaptée à l’enfant mais qui agit aussi sur l’adulte qui l’accompagne. « Le jeune enfant a un rapport sensoriel au son. Il écoute et perçoit également les vibrations par le corps. La voix, elle, est magique, elle a des vertus apaisantes. J’ai donc recherché à créer une sécurité intérieure offerte par le son, des repères spatio-temporels donnés par le personnage et les effets émotionnels que provoquent des éléments extérieurs ».

VOYAGE INTIME

Les paysages sonores qui en résultent, créés avec Hugues Germain, musicien-plasticien sonore, sont stupéfiants de résonance. À partir d’instruments étranges comme la dvojacka et la fujara, flûtes de bois de sureau slovaque, instruments utilisés là-bas par les bergers, une alternance de moments suspendus se succèdent. Des airs traditionnels, une pièce de Béla Bartok, les sons puissants de gongs… alternent pour offrir une circulation de vibrations fines ou très rondes. Naïa, petite fée des lieux, chante, joue des flûtes, manipule un film d’emballage transparent en polypropylène qui devient nuage, rivière, bloc de glace, c’est selon… donnant libre cours à l’imagination de chacun. Le temps nous a filé entre les doigts, il faut déjà quitter ce pays des rêves et l’on sort de la salle en apesanteur.

• HK