Chansons en famille

L’association l’Air de rien mène un projet chanson au centre social l’Archipel avec le soutien de la CAF du Maine-et-Loire.Les actions peu à peu s’élargissent.

Maison de quartier et centre social, l’Archipel est un lieu d’accueil pour tous, convivial, tolérant, solidaire et citoyen, avec et pour les habitants. Le lieu est proche du centre ville, dans le quartier Doutre-Saint Jacques Nazareth, autrefois zone particulièrement difficile. La mixité sociale est importante et à ce titre le centre social exerce une mission permanente d’éducation populaire et d’animation au service des habitants et des associations du quartier.

L’Archipel est un espace d’animation qui appuie ses activités sur l’engagement. Une association de bénévoles associée à l’équipe de professionnels mène des actions dans le souci de répondre aux attentes des habitants grâce aux rencontres et aux activités patiemment construites, année après année.
Le programme est établi selon les envies recueillies lors d’une réflexion partagée et vise particulièrement à rendre la vie quotidienne plus facile, à favoriser les rencontres en croisant les générations et les cultures, à soutenir les initiatives locales, individuelles et associatives.

Grâce à la convention de partenariat avec la ville d’Angers et à l’agrément de centre social par la CAF, l’Archipel poursuit ses missions d’animation et d’accompagnement des habitants du territoire Doutre-Saint Jacques Nazareth. L’association bénéficie des soutiens financiers des collectivités publiques et de partenaires institutinnels (Ville d’Angers, Caisse d’Allocations Familiales du Maine-et-Loire, Conseil général 49, Etat Acsé). Un comité de suivi et d’orientation du projet du centre social rassemble les partenaires de l’Archipel pour évaluer et se concerter sur les actions et les nouveaux besoins.

LE PROJET MUSICAL

Afin de rassembler les habitants du quartier et de favoriser la mixité sociale, le projet a vu le jour en 2011. Grâce au soutien de la CAF, le centre social a pu faire le montage. Benoît Oger, musicien de l’association L’Air de Rien, décrit l’évolution du projet « Chansons en famille » : « L’idée est née pendant le stage de ma licence professionnelle. Je venais ponctuellement au centre social L’Archipel à raison d’une heure chaque semaine entre mars et juin. J’ai appuyé mes interventions sur une envie partagée avec les responsables du centre, tournée vers l’échange de répertoire, la valorisation des cultures familiales et le partage de chansons. L’objectif était de réactiver la transmission familiale, de rétablir un lien social avec et entre les habitants du quartier. Pendant ce stage, je travaillais avec des enfants d’âge scolaire. Par la suite, avec Lucile Launay responsable du secteur famille, nous avons décidé d’ouvrir cette activité à la petite enfance en respectant la philosophie de la maison de quartier : « valoriser les pratiques sans cadre contraint ». 

La notion de nombre n’est pas la priorité.
Les ateliers Chansons en famille ne s’inscrivent pas dans la rentabilité ou le quantitatif. L’objectif est de rejoindre les enfants là où ils sont, de valoriser des cultures familiales, d’explorer des répertoires à partir des propositions des parents. Benoît Oger anime ce temps de chansons deux fois par mois, dans une atmosphère bienveillante et attentive. Chaque atelier reproduit un rituel sécurisant qui génère une belle écoute : après la chanson de présentation « j’ai un nom, un prénom », les chansons s’égrènent dans la bonne humeur et l’écoute sensible. Des habitudes sont visiblement créées. Se mêlent des sensations de complicité, de respect, d’écoute mais aussi de jubilation, ponctuées de rires car les parents s’amusent beaucoup avec les mélodies. À la fin de la séance, un temps d’échange convivial permet aux familles de parler, de se donner des nouvelles, tout simplement. Dans cette belle familiarité, la complicité est de mise, avec les enfants et entre les adultes. Le musicien, particulièrement attentif au groupe, mène la séance avec une finesse et une musicalité certaines. La qualité vocale de ses propositions installe un climat apaisant et ludique, les enfants y sont particulièrement sensibles. Les rendez-vous en chansons sont visiblement des temps d’apaisement et de proximité appréciés par les familles.

PRENDRE LE TEMPS

Benoît Oger a su allier sa formation d’éducateur à son parcours de musicien. « Je souhaite fédérer une équipe de bénévoles autour de l’association L’Air de Rien pour aller à la rencontre de l’enfant dans ses lieux de vie. Je réfléchis avec d’autres artistes, des éducatrices de jeunes enfants, des enseignants dans une perspective d’économie sociale solidaire, pour rendre les domaines artistiques accessibles à tous, dans une vision multiculturelle. Nous avons fait le choix de l’autofinancement qui pour l’instant fonctionne. Nous recherchons des partenariats par projets, comme par exemple « Le temps des chansons » à l’Archipel qui existe grâce au soutien de la CAF. Toute notre démarche est sous tendue par la notion de temps. L’association ne souhaite pas grandir trop vite. Le projet artistique est construit autour de la chanson, peuvent venir s’y adjoindre d’autres apports : la poésie, les objets sonores, le conte… Nos actions s’organisent comme notre relation à l’enfant : d’abord un temps d’observation, pour aller doucement vers l’interaction ».

Le projet s’affine : une équipe est en train de se constituer, les partenariats s’installent avec des artistes jeunes publics, des structures, d’autres associations angevines. « Il y a tant à faire pour valoriser les pratiques artistiques de qualité auprès des enfants, pour les diffuser et résister à la fragilité du secteur social, sanitaire et culturel. On a envie de résister… ».

Benoît Oger, l’air de rien, tisse sa toile culturelle, avec constance et conviction. D’autres artisans musiciens sont prêts à partager le défi.

ν H.K.