Depuis 2010, le Finistère connaît un printemps exceptionnel !
Pendant quatre semaines, spectacles pour le très jeune public, ateliers, expositions et formations se déploient dans de nombreuses communes. Le public investit ce temps exceptionnel.
La culture fait grandir. Alors « Place à l’imaginaire », c’est le thème retenu pour la quatrième édition des Semaines de la petite enfance en Finistère. Après « Les bébés vont au théâtre », « Le temps de la culture pour les tout-petits » et « Quand l’art vient à la rencontre des tout-petits », l’année 2012 a permis une nouvelle aventure pour tous, petits et professionnels, familles et artistes, dans la perspective d’offrir une programmation de grande qualité bien au-delà de la ville de Quimper.
Les artisans de cette manifestation d’envergure consacrent tout un mois printanier au très jeune public. C’est la CAF du Sud-Finistère qui a souhaité s’engager en 2010 dans ce projet. Elle a fait appel, pour son approche qualitative, à l’association Très Tôt Théâtre afin d’initier ensemble Les Semaines de la petite enfance. Les deux partenaires considèrent que la culture aide à l’épanouissement de l’enfant et soutient la relation parentale. La CAF poursuit plusieurs objectifs auprès des parents et des partenaires : favoriser une perception différente des lieux d’accueil, offrir des représentations de qualité et faciliter des projets innovants au service des familles. La scène conventionnée jeunes publics met tout son savoir faire au service de ce pari artistique mobilisateur. La dimension territoriale, très développée, du projet souligne que les professionnels de l’enfance, les parents, les élus et les équipements culturels peuvent renforcer l’appartenance à une communauté au centre de laquelle le jeune enfant est porteur d’avenir.
DÉCOUVRIR
LA CRÉATION ARTISTIQUE
Les propositions artistiques destinées aux moins de trois ans sont encore relativement récentes dans le paysage culturel. Le tout-petit, le bébé peut-il être spectateur? Les professionnels des lieux d’accueil sont-ils prêts à s’engager? Comment faire venir les familles au spectacle ? Comment accueillir des artistes dans des lieux qui ne sont pas destinés à la diffusion ? Autant de questions auxquelles les quatre semaines de programmation apportent un ensemble de réponses diversifiées.
Le bilan de fréquentation (90% de remplissage en moyenne lors des 90 représentations) tend à démontrer que le public est réceptif aux propositions artistiques. Cependant, la place des familles n’est pas encore suffisamment représentative par rapport à celle des groupes. Il a été parfois difficile, sur certains territoires, de mobiliser par exemple les parents employeurs d’assistantes maternelles. Et pourtant dans certains lieux d’accueil, l’habitude est prise, les familles font preuve d’une autonomie certaine de spectateurs. C’est sans doute le résultat d’un travail mené sur le long terme.
Pour les spectacles, la question fondamentale reste toujours : sont-ils bien adaptés aux tout-petits ? Les retours du public ont souligné une grande qualité d’adaptation, même si quelques ajustements persistent : durée, âge des enfants destinataires de la proposition, rythme du spectacle… L’équipe de Très Tôt Théâtre mène une évaluation exigeante et concertée afin d’affiner le dispositif pour la prochaine édition. Les Compagnies Mélimalo, Lili désastre, De Molécula et le Théâtre de la Guimbarde ont sillonné le département diffusant des prestations poétiques, esthétiques, imaginatives. L’opération est vaste : quatre spectacles sont programmés avec une moyenne de 15 à plus de 20 représentations dans 7 à 10 lieux différents pour chaque compagnie.
Le thème « Place à l’imaginaire » a été servi avec succès. À noter la performance de Parapapel, spectacle dansé qui proposait deux niveaux de lecture : le premier immédiatement perceptible par les tout-petits dans un contact de proximité spatiale, le second plus symbolique à l’adresse des adultes.
LES ATELIERS
AVEC LES ARTISTES
Imaginés en direction des professionnels et des familles, les ateliers accompagnent la proposition artistique. Très Tôt Théâtre met en œuvre ces temps de relais entre artistes et spectateurs, organise des rencontres avec les parents. Ces actions de médiation favorisent un lien plus étroit entre les équipes artistiques, les professionnels de la petite enfance et les familles : un prolongement du spectacle riche de nouvelles pratiques. La compagnie Mélimalo a animé des ateliers sur le thème « la musique en plastique » et un goûter musical, des actions « assemblage/construction ». La compagnie Lili Désastre proposait des ateliers sur le mouvement et l’éveil corporel pour les assistantes maternelles et des groupes parents/enfants. Ces formations de qualité ont permis aux familles de découvrir des pratiques artistiques, de faire une pause et de prendre le temps de partager idées et émotions dans un espace privilégié avec leurs enfants. Pour les professionnels, les intervenants ont proposé des formes de participation « réalistes », c’est-à-dire applicables au quotidien. Il n’est pas question de donner des recettes d’activités mais bien d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexion que les professionnels de la petite enfance emprunteront lors de nouveaux projets.
Au total, 16 structures petite enfance ont
participé aux ateliers avec l’envie d’approfondir des thématiques (autour du mouvement en particulier) et le désir pour la prochaine édition de bénéficier de temps plus longs (une journée entière). Des temps de formation thématique ont également été proposés aux professionnels : au total, 6 ateliers fréquentés par 134 professionnels pour « s’ouvrir au monde sonore », investir les domaines de la danse (« l’expression par le corps »), du théâtre, des arts plastiques, réfléchir au développement du tout-petit ou encore réaliser un sas d’accueil sur le lieu de spectacle.
Le partage de ces temps de formation dont la qualité a été très appréciée, ouvre de nouvelles perspectives pour les équipes et marque le point de départ de nouveaux projets.
La reprise par les équipements du thème de la formation et de l’information a généré plusieurs ateliers directement organisés par les structures : un forum porté par Hamac et Trampoline, un salon de la petite enfance à Pleyben, des portes ouvertes de la Maison de l’Enfance à Châteauneuf du Faou et des ateliers organisés par le RAM et le pôle enfance, par la MJC de Trégunc à Quimper. Enfin une initiative de COCOPAQ (qui n’est pas une association petite enfance mais la Communauté de Communes du Pays de Quimperlé !) qui a invité les professionnels pour des ateliers autour de la matière, de la peinture.
Pendant les Semaines de la petite enfance, les activités fourmillent sur le territoire, en liaison directe avec la programmation mais aussi à l’initiative des acteurs de terrain.
IMAGINER D’AUTRES PROJETS
D’autres projets viennent enrichir la diffusion et la formation, donnant à la manifestation une cohérence pédagogique et artistique plus grande encore. Une exposition photos destinée à tourner dans les structures à partir de juin a été confiée à Dominique Vérité. Le photographe a couvert les Semaines de la petite enfance sur dix territoires et ses clichés constituent une mémoire de l’événement qui perdure bien au-delà du printemps.
Avec Claire Dé – journaliste et auteur illustratrice – auteur du livre À toi de jouer, les déclinaisons ont été multiples ; tout d’abord son ouvrage a constitué le point de départ du spectacle Jaune Orange. « Nous avons tout de suite imaginé que ce livre pourrait devenir notre prochain spectacle » témoigne Laurent Drouet de la Compagnie Mélimalo.
«Tous les ingrédients étaient là : le visuel, le clair, le coloré, la démarche ludique et exploratoire sans le côté pédagogique qui la rendrait vite inutile, l’ensemble entièrement tourné vers le sensoriel et l’imaginaire. Nous avions là une matière forte donnant prétexte à la manipulation d’objets et à une mise en scène de cette substance très particulière, le plastique ; omniprésent dans notre vie, il passe inaperçu… Il y avait un risque, car on n’aime pas voir le quotidien s’immiscer dans le merveilleux. Pourtant il y a des objets ordinaires qui méritent toute notre attention. Le regard de Claire Dé montre une forme qu’elle déforme, elle provoque des associations d’idées ».
Laurent Dupont a collaboré avec Claire Dé pour la mise en scénographie, ajouté ses compétences d’artiste pour la création de la musique et le jeu : résultat une proposition artistique étonnante qui donne envie de revenir dans sa cuisine pour jouer au créateur ! Au cours des Semaines de la petite enfance, Claire Dé a participé à des ateliers en milieu scolaire, animé de nombreux ateliers créatifs à l’initiative de structures petite enfance ou de bibliothèques, rencontré les professionnels petite enfance qui souhaitaient inventer des actions autour de son travail plastique et photographique. Elle a ainsi fourni de nombreuses pistes d’exploration de son travail. Enfin, Claire Dé a passé une journée à Pont l’Abbé (à l’initiative de l’association Hamac et Trampoline) pour s’investir dans un atelier enfants/parents synonyme d’exploration de son univers et participer à un café des parents, prétexte à découvrir sa démarche.
En partenariat avec Le Quartier, Centre d’Art Contemporain de Quimper, une exposition a permis aux visiteurs, en particulier les plus jeunes, de découvrir les créations plastiques et photographiques de Claire Dé et de s’amuser avec son installation. Ouverte aux groupes ainsi qu’au tout public, l’exposition a fait le lien entre les partenaires. Anna Olszewska, responsable du service des publics au Quartier n’a pas hésité à concevoir un vernissage « spécial jeune public » pour lancer l’exposition : au menu fraises tagada et découverte de l’univers de l’artiste !
DÉVELOPPER LA QUALITÉ
DE L’ACCUEIL
Les partenaires réfléchissent lors de chaque édition à l’articulation de l’événement et de l’ensemble du projet pédagogique des structures petite enfance. Très Tôt Théâtre repose les questions : « Comment travailler en amont et en aval du spectacle ? Comment impliquer les professionnels dans la sensibilisation au spectacle ? Comment les associer et les mobiliser? ». Les réponses sont nombreuses afin de diversifier les activités. Il semble important de varier les collaborations sur les territoires en mobilisant différents acteurs (écoles de musique, médiathèques, musées) comme ce fut le cas cette année avec Le Quartier, Centre d’Art Contemporain de Quimper. Les organisateurs souhaitent également créer des ateliers mutualisés avec différentes structures du territoire, travailler une discipline particulière avec un intervenant extérieur, explorer de nouveaux lieux.
Une réflexion mérite que l’on s’y attarde, celle du sas d’accueil avant le spectacle. Bon nombre de lieux ne bénéficient pas d’un espace particulier pour offrir un moment de transition entre le « dedans et le dehors ». Conscients de l’intérêt d’une telle offre, les organisateurs tentent de mettre en place cette proposition, soumise il est vrai à la configuration des locaux.
La Maison de l’Enfance du quartier de Penhars à Quimper a profité de son architecture pour optimiser l’accueil du public. L’équipe, mobilisée et attentive, a mis en œuvre un accueil décliné en deux temps : un accueil classique de billetterie et un accueil pédagogique dans une salle spécialement dédiée aux familles et aux groupes. Le lieu a été aménagé aux couleurs du spectacle Jaune Orange : coussins, jeux, illustrations… choisis pour leur lien avec le thème de la représentation.
Dans un vaste espace, soigneusement éclairé, adultes et enfants bénéficient d’un temps de jeu et d’échange, la salle de spectacle est toute proche. Cette parenthèse entre le monde extérieur et le temps de la diffusion offre les meilleures conditions de disponibilité aux spectateurs : ils sont déjà dans l’univers qui leur sera proposé quelques instants plus tard. L’installation en salle se fait progressivement, avec souplesse, le personnel d’accueil étant particulièrement attentif à la fluidité de ce moment.
Cette initiative est intéressante à plus d’un titre : elle permet de réfléchir aux liens qui se tissent entre les équipes d’accueil et le public, elle invite le spectateur à pénétrer progressivement dans l’univers du spectacle, elle génère un climat apaisé pour profiter au maximum de la représentation.
Cette question fera partie des objectifs à mettre en œuvre plus largement encore lors de la prochaine édition des Semaines de la petite enfance.
SOUTENIR LA PARENTALITÉ
L’un des objectifs forts de la manifestation est de permettre aux parents de découvrir des spectacles petite enfance dans des lieux culturels proches de leur domicile. Cette pratique de proximité vise à rassurer les parents, à créer de nouvelles habitudes, à mobiliser les familles et à porter un regard nouveau sur les lieux culturels de leur commune, dans une démarche de participation. L’objectif est de vaincre des appréhensions et d’inscrire le spectacle dans un réflexe naturel, d’en démystifier les codes et de permettre à chacun de s’y sentir à l’aise. Aux questions : « Est-ce bien adapté ? Est-ce à sa portée ? N’est-il pas trop petit ? », les artistes, les organisateurs, les équipes petite enfance apportent des réponses rassurantes pour des adultes parfois désorientés ou perplexes.
Les Maisons de l’Enfance par exemple, organisent des événements festifs, des ateliers auxquels les parents sont associés. Ces propositions enrichissent tous les participants, à la fois les professionnels qui nourrissent leurs projets et les parents qui vivent ainsi des temps partagés avec leurs enfants et les équipes. Dans un contexte d’accélération des rythmes de vie, ces moments privilégiés retissent des liens harmonieux entre les générations.
Tous les facteurs sont en place pour une pérennisation, voire une extension du projet. Une harmonisation des politiques tarifaires est à l’étude pour faciliter un accès plus important aux familles. Le projet des Semaines de la petite enfance est exceptionnellement riche dans ses propositions artistiques et culturelles. Il est synonyme de découverte du monde du spectacle, de rencontre avec les artistes, de formation des professionnels et de temps privilégié pour les parents avec leurs enfants. Les semaines de la petite enfance sont une démonstration assez exemplaire d’une volonté défendue par les organisateurs : mettre la culture à la portée de toutes les familles, en allant là où se trouve le public.
ν H.K.
Édition 2012
4 spectacles
4 compagnies
90 représentations
5 590 spectateurs
16 organisateurs culturels
17 communes
60 partenaires petite enfance
Les spectacles
Bach à sable
Conte musical
Théâtre de la guimbarde
Jaune orange
Théâtre d’objets musique
Compagnie Mélimalo
Plein de (petits) rien
Théâtre
Compagnie Lili Désastre
Parapapel
Danse
Compagnie De Molécula
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