Prendre le temps de chanter et trouver la confiance en soi pour le faire : les formations « Comptines et chansons » permettent
de créer de nouveaux liens entre les adultes et les tout-petits.
Avec Françoise Neyrolles, conseiller technique de la Caf du Val d’Oise, Margotte Fricoteaux, musicienne d’Enfance et Musique, a imaginé deux formations autour de la chanson. Ce programme s’inscrit dans la politique de développement des LAEP de la CAF 95. Les deux sessions étaient destinées aux accueillants des LAEP (public très large et composite) et aux parents.
Comment peut-on faire une proposition de formation qui réunisse des participants ayant des expériences très diverses ?
Margotte Fricoteaux : La formation s’est déclinée en deux temps : une première session pour comprendre le répertoire, une deuxième pour que les parents trouvent une place active. Il y avait certes des écarts d’expérience assez vertigineux entre les participants, mais l’objectif premier était d’enrichir le répertoire tout autant que de créer un échange entre les familles et les accueillants. J’ai fait une proposition musicale ouverte pour faire exister la chanson au même titre que le livre, les jouets…Je souhaitais pouvoir faire exister la chanson au gré de ce qui se vit. On n’est jamais obligé de chanter, souvent nous n’osons pas. Le premier travail a consisté à retrouver des souvenirs positifs. Dans l’accueil des tout-petits, pour la majorité des participants la chanson correspond à un temps de regroupement, pour se dire « bonjour, au revoir » par exemple. Cependant la chanson n’existe pas uniquement dans un temps collectif, elle participe à la vie réelle, personnelle, elle peut développer une parole. J’avais donc envie de redonner le sens du répertoire et la fonction de la chanson : à quoi servent les berceuses, sauteuses, comptines, chansons à geste… J’ai proposé à chaque fois un livret avec des chansons par genre, que nous allions apprendre ensemble, certaines très connues, d’autres moins. Ce livret, à chaque fois différent, a constitué la mémoire de ce temps fort.
Comment avez-vous mis en avant la relation qu’une chanson permet de tisser entre l’enfant et l’adulte ?
M.F. : Pour l’adulte la chanson peut faire resurgir des choses qu’il avait oubliées. L’enfant est lui très actif, on joue avec lui, avec des codes. L’essentiel était pour moi de permettre aux adultes de s’autoriser à chanter et plus spécifiquement aux parents de chanter pour leurs enfants. Ont surgi des souvenirs d’enfance, une confiance en soi qui s’est progressivement installée, une envie de se lancer… En fait, chanter s’est avéré parfois plus simple qu’on ne le croyait. J’avais pour mission de mettre « à la portée de » et de rendre possible, concrètement tout en installant la fonction des chansons qui est essentielle dans le développement de l’enfant. C’est la transmission d’un patrimoine, mais aussi un instant d’émotion partagée avec le tout-petit. Chanter ensemble aiguise l’oreille, ouvre l’imaginaire et c’est le plaisir du moment partagé. Dans ces formations, j’ai également tenté de donner des pistes pour jouer avec une chanson : pour l’enfant c’est du « pareil, pas pareil », on recommence, on fredonne à nouveau, il s’amuse avec l’univers sonore. Et il faut recommencer car le très jeune enfant ne se contente jamais d’une seule fois…
Comment la chanson peut-elle être investie dans un lieu d’accueil enfants/parents ?
La question peut être de se demander quelle place nous donnons aux parents ? Comment s’installer dans l’espace ? Deux accueillants face aux parents ça ne fonctionne pas, il faut s’installer en rond, laisser un temps de flottement, oser laisser du silence, faire remarquer que les bébés ne vocalisent pas s’il n’y a pas un silence laissé par les adultes dans l’espace sonore. Il est important de guider l’écoute, de soi et de l’autre.
Il est important également d’insister sur le répertoire à acquérir. Il n’est pas indispensable d’apprendre vingt chansons, déjà cinq ça prend beaucoup de temps ! Pour jouer avec une sauteuse, il faut se laisser le temps de l’investir, de jouer avec elle et avec le tout-petit, de la reprendre au grand plaisir de l’enfant ! Des stagiaires me confiaient « c’est difficile… j’y vais… » Cela relève aussi de techniques d’animation : introduire une nouvelle chanson n’est jamais facile, si l’on veut transmettre le plaisir de chanter. Pour y parvenir il faut installer la douceur et la confiance, une soif d’apprendre aussi… Je dis souvent aux parents : « Pensez que vous avez la plus belle voix du monde pour votre enfant ! Utilisez-la plutôt que le disque qui peut être un refuge. » La voix de l’adulte tout proche est importante pour le tout-petit.
Le temps de la formation permet cette étape de réflexion et d’interrogation des pratiques.
H.K. ν
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