Le Relais d’Assistantes Maternelles est un lieu de rencontres qui peut également devenir un outil de professionnalisation. Questionnements sur l’évolution des métiers.
En 2011, une lettre circulaire1 précise les modalités susceptibles de favoriser le développement des RAM tout en les aidant techniquement et financièrement à mettre en place une offre globale comportant une double entrée : « du côté des familles, une volonté de mieux informer sur les modes d’accueil sans opposer l’accueil individuel et l’accueil collectif ; du côté des professionnels, améliorer la qualité de l’accueil des enfants, renforcer l’attractivité du métier d’assistant maternel et participer à la professionnalisation du secteur de la garde d’enfants à domicile en invitant les RAM à ouvrir l’ensemble de leurs services à ces professionnels ». La mention de nombreux exemples en régions contenus dans cette lettre circulaire illustre la dynamique entreprise par l’ensemble des CAF. Conscient de la difficulté pour le gestionnaire d’évaluer les contenus d’activités, un groupe de travail piloté par la CNAF, s’attache aujourd’hui à la production des outils de diagnostic, de bilan d’activités et toutes formes d’échanges permettant d’élaborer des préconisations qui servent aux diagnostics partagés.
Le Val-d’Oise dispose de structures diversifiées en conformité avec la géographie contrastée du département. Avec des RAM associatifs itinérants, des RAM implantés en zone rurale ou dans des zones urbaines très denses, la problématique est pour les conseillers techniques de la CAF de rééquilibrer les territoires, d’harmoniser les services pour une ruralité encore très présente et des zones urbaines précarisées.
Marie-Cécile Simon, conseillère technique de la CAF du Val-d’Oise détaille les évolutions en cours. « L’une de nos approches est la professionnalisation des assistantes maternelles. Une animatrice de réseau a des choses à faire, passer sur le terrain mais les temps de rencontre ne suffisent pas. L’évolution d’un métier s’envisage grâce à des dispositifs de formation continue, le RAM pouvant jouer le rôle de support logistique pour accueillir une formation dans ses murs. Tout cela relève d’enjeux éducatifs et culturels et d’un recensement des besoins pour ensuite mettre en place une organisation et une gestion adaptées. Les animatrices de RAM sont en première ligne pour organiser les accueils et dialoguer avec les personnes référentes des enfants. Certaines assistantes maternelles pourraient parfois adopter une attitude proche de celle de la consommation, l’animatrice de RAM est aussi là pour faire passer des messages et prendre du recul. Malgré le risque d’épuisement dû aux innombrables sollicitations, les animatrices de RAM restent dans un désir de transmission de savoirs et de valeurs. La venue au RAM est un espace de professionnalisation qui va générer la réflexion. Il est vraiment important de s’attarder sur les questionnements que suscite l’évolution du métier d’assistante maternelle. En quoi ont-elles modifié leur manière de voir un accueil ? Comment perçoivent-elles les changements ? Comment casser la routine ? L’assistante maternelle s’autorise-t-elle aujourd’hui de nouveaux possibles » ?
Marie-Cécile Simon souligne le rôle de l’animatrice de relais qui s’interroge sur une méthodologie : « En quoi les soixante heures de formation avant la prise de fonction constituent-elles un support qui va permettre aux assistantes maternelles de se présenter aux parents, de re-questionner la fonction nourricière, de donner la possibilité de faire et d’agir »?
La formation et la progression qualitative de l’accueil passent d’abord par une formulation des questionnements et une évaluation des compétences. Les animatrices de RAM doivent prendre le temps d’évaluer leurs ressources et leurs envies : « Oui, j’ai oublié que j’avais des ressources en moi…Qu’est-ce que j’aime transmettre ?… Je connais des poèmes par cœur… »
L’évolution des métiers passe donc d’abord par un questionnement sur les pratiques de chaque animatrice de réseau et des assistantes maternelles, sur les pratiques culturelles et la potentialité de chacune à transmettre ce que l’exercice quotidien de l’accueil risque parfois d’enfouir. Toutes ces mises en question contribuent à renforcer, à terme, l’identité des lieux d’accueil.
Ouvrir des parenthèses de formation continue, dans un quotidien qui n’est pas simple, relève parfois du défi. Il s’agit de concilier les impératifs de chacun en s’appuyant sur des pratiques effectives. Les communes ont des contraintes, les professionnelles de l’enfance ont des aspirations. Il faut alors croiser les critères pour aboutir à des propositions qui satisfassent l’ensemble des partenaires. Certaines villes souhaiteraient labelliser des assistantes maternelles qui sont force de proposition, d’autres collectivités sont réticentes par rapport à des situations sociales difficiles. Les modes de garde sont-ils intégrés à une politique petite enfance de la collectivité territoriale ? Marie-Cécile Simon est consciente de la variété des situations et des difficultés rencontrées : « Certaines professionnelles doivent répondre à des injonctions qui leur sont formulées par leurs tutelles, les assistantes maternelles exercent un métier difficile, et c’est dans ce contexte que nousdevons réfléchir à toute forme de travail qui peut améliorer la qualité de l’accueil. En fait, nous devons imaginer des outils techniques qui créent un cadre, en nous appuyant sur des pratiques effectives. Il est important d’autoriser et d’appeler une expression culturelle exigeante, en valorisant des pratiques personnelles. L’apport d’un encadrement de qualité dans la formation continue rend possible des postures individuelles valorisantes pour les animatrices de réseau et, en conséquence, pour les assistantes maternelles. Il est difficile de travailler dans une rigidité éducative, les formations spécifiques répondent à un besoin d’ouverture qui permet de partager une curiosité pour la culture et ainsi de conforter le développement des expressions individuelles qui seront transmises aux enfants ».
En confortant la formation des animatrices de relais, c’est un vaste champ de pratiques nouvelles et valorisantes qui s’ouvre. Le nombre d’animatrices sensibilisées aux pratiques artistiques et culturelles s’amplifie sur le territoire; c’est autant d’assistantes maternelles qui peuvent s’emparer de nouvelles compétences au quotidien. Une manière de rompre un isolement personnel, de libérer des expressions et de les partager avec les tout-petits et leurs familles.
H.K. ν
1- lettre-circulaire n° 2011-020 du 2 février 2011. ACOSS DIRECTION DE LA REGLEMENTATION, DU RECOUVREMENT ET DU SERVICE
Par ailleurs, l’article L.214-261 du code de l’action sociale et des familles définit les missions et l’appellation des RAM.
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